Pierre HUYGHE

 Centre Pompidou

25.09.2013 - 06.01.2014

 


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S’inviter à la rétrospective de l’artiste majeur de la scène française et internationale, Pierre Huyghe au Centre Pompidou, c’est accepter d’expérimenter un nouveau format d’exposition et de devenir un visiteur « aventurier », mettant tous ses sens en éveil.

 

L’expérience scénique du visiteur-chercheur dépendra de sa volonté et de son désir de se fondre dans les divers éléments proposés par l’artiste. Celui-ci donne le ton par la présentation du Journal officiel du 12 juin 1995, actant de la création de « l’Association des temps libérés » (avec entre autres l’artiste Dominique Gonzalez-Foerster). En effet, il y est question du «développement des temps improductifs, pour une réflexion sur les temps libres, et l’élaboration d’une société sans travail », ce qui interroge notre relation au temps.

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La structure de l’espace de l’exposition, non-conformiste en elle-même, éclate les codes. Elle ouvre des cimaises non maquillées, devenues matières brutes dans ce dédale d’objets exposés (installations, vidéos, sculptures, livres,…). L’artiste crée un monde en soi, mouvant, vivant, organique, régie par ses propres règles et dont on ferait l’expérience le temps de notre visite, elle-même définie par le temps que l’on ose se dégager à soi-même.

Serait-ce cette sensation de matière organique, sans cesse en évolution que l’on perçoit ?

 

Et qui a son point d’orgue dans la présentation du film « A Way in Untilled » (2012), réceptacle vivant des personnages exposés ici au musée : une sculpture de femme nue dont la tête est occultée par un essaim d’abeilles ; un lévrier blanc, aux côtes creuses et à la patte avant-gauche rose tyrien, qui erre dans l’espace d’exposition avant d'aller se reposer sur un manteau de fourrure jonché sur le sol. La matière organique filmée sauvagement, alliée au vrombissement des abeilles…tire le spectateur hors de ses carcans :  

 

« Je m’intéresse à l’aspect vital de l’image, à la manière dont une idée, un artefact, un langage peuvent s’écouler dans la réalité contingente, biologique, minérale, physique. Il s’agit d’exposer quelqu’un à quelque chose, plutôt que quelque chose à quelqu’un », explique Pierre Huyghe.


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La création du personnage manga célèbre de Ann Lee dans « No Ghost Just a Shell » en 1999-2003 et la présentation à ses côtés du «Contrat de cession des droits d’auteur de Ann Lee », 2002, inscrit le travail de l’artiste irrémédiablement dans « un projet poétique consistant à affranchir un personnage de fiction du royaume de la représentation » par un biais très intelligent. Comment soustraire à l’industrie du cinéma d’animation un personnage poétique, sans but lucratif ?

 

 

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Ainsi, Pierre Huyghe, nous montre à travers la présentation d’une cinquantaine de ses projets, qu’il tente de questionner sans cesse le statut de l’œuvre d’art, de le réinventer, en lui faisant prendre tour à tour des formes diverses (journal, voyage, parution d’une association au Journal Officiel etc.). Sa quête est sans bornes, bousculant la société du spectacle et le visiteur-voyageur obligé de réagir à cette mystérieuse exposition, qui se présente comme une énigme, et dont il en ressort plus vivant.

 

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Commissaire : Mnam/Cci, Emma Lavigne

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