« Du désir d’horizons»,

Salia Sanou, Compagnie Mouvements perpétuels

«Il s’agit avant tout d’une composition où le vocabulaire chorégraphique laisse la place au sens et à la réflexion sur la situation délicate des réfugiés et sa résonance en chacun de nous.» (Salia Sanou)

« Du désir d’horizons», Salia Sanou, du 12 au 14.04.2018 avec le Théâtre de la Ville au 104

            Dans sa dernière pièce chorégraphique « Du désir d’horizons», Salia Sanou se penche sur un sujet criant d’actualité : les réfugiés. Bien plus qu’une représentation documentaire, le chorégraphe burkinabé dresse une fresque subtile, explorant l’exil intérieur « que chacun porte en soi, comme une parcelle inaltérable de force, de lutte et de désir [1]».  

            En effet, il évite les poncifs sur le sujet et nous plonge dans l’intimité de corps, à travers une composition chorégraphique complexe, qui déjoue nos attentes, en questionnant ces espaces de « transit », d’oublis, soumis à la déréliction, à la perdition des corps et de l’âme.         


[1] Salia Sanou

« Du désir d’horizons», Salia Sanou, du 12 au 14.04.2018 avec le Théâtre de la Ville au 104

               Le spectacle s’ouvre en silence puis laisse une place heureuse à la musique, très diverse et composée par Amine Bouhafa…il nous invite peu à peu à la réflexion et à la transformation de corps muets, démunis, à des corps en vie, voire en liesse, même en état de grâce.

Au sein de cette chorégraphie très composée, menée par huit interprètes (quatre hommes et quatre femmes), la narration est portée par une comédienne blanche, qui danse. Elle scande un texte de Nancy Huston : des extraits de Limbes/Limbo - Un hommage à Samuel Beckett. L’ensemble tend à donner un message universel à la quête de la liberté intérieure de chacun. Plus qu’un voyage temporel au milieu de réfugiés, la chorégraphie de ce spectacle, touche à notre part d’humanité profonde. La question nous est posée : que sommes-nous en tant qu’êtres humains ?

 

            Salia Sanou réussit la gageure, de se glisser dans les interstices des cœurs de réfugiés, dans leurs fêlures (solitude…), leurs faiblesses, leurs blessures diverses, afin d’en extraire ensuite toute la beauté.  Il s’agit le temps du spectacle, d’écrire une histoire commune, une résilience, à partir d’états de corps, esseulés… pour les « remettre » en vie, en marche, vers l’horizon.

            D’ailleurs, Salia Sanou fait la part belle aux couples et aux femmes dans cette création. Il explore les tensions des êtres, leurs doutes, leurs attentes, leurs frustrations, leurs désespoirs, mais aussi la séduction, la sensualité, la confiance, l’amitié, la joie de vivre ! Il s’agit de regagner la vie, qui sommeille en chacun de nous.

« Du désir d’horizons», Salia Sanou, du 12 au 14.04.2018 avec le Théâtre de la Ville au 104

                En somme, le chorégraphe a choisi de ne pas répondre à la violence de la situation géo-politique des réfugiés, par une violence du propos. Il emporte les corps vers une autre voie libératrice et créatrice de nouvelles pensées et d’humanité. Sous cette forme d’engagement, on touche à un « art poétique » de la personne, en osmose avec ses partenaires, malgré ses traumatismes et ses douleurs. 

© Laurent_Philippe

© Laurent_Philippe

Les superbes tableaux visuels, soit statiques (empilement, étalement sobre de lits de camps), soit en mouvement (avec les mémorables mobylettes) participent de cet effet plastique sculptural et sensoriel qui incite peu à peu les corps à exploser, à se libérer.

 

            La guerre n’aura donc pas eu raison de la danse. Elle représente une porte vers la résistance et la liberté individuelle, au milieu du chaos géo-politique dans lequel sont embarqués ces centaines de milliers d’hommes et de femmes de nos jours.  

 

Edith Clavel

 

Distribution

chorégraphie : Salia Sanou
interprètes : Valentine Carette, Ousséni Dabaré, Catherine Denecy, Jérôme Kaboré, Elithia Rabenjamina, Mickael Nana, Marius Sawadogo, Asha Imani Thomas
texte : Nancy Huston extraits de Limbes/Limbo - Un hommage à Samuel Beckett, publié aux Éditions Actes Sud (2000)

scénographie :  Mathieu Lorry Dupuy
création lumière : Marie-Christine Soma
création musicale : Amine Bouhafa
régie générale : Rémy Combret
régie lumière : Diane Guérin

Représentations /Du désir d'horizons  2018

6 février : Morges (Suisse) – Théâtre de Beausobre
10 février : Alfortville – Pôle Culturel
13 février : Angers – CNDC
9, 10 mars : Düsseldorf (Allemagne) – Tanzhaus
13 mars : Vélizy-Villacoublay – L’Onde
23, 24 mars : Anvers (Belgique) – Desingel
27, 28, 29 mars : Lyon – Maison de la danse
5, 6 avril : Strasbourg – Pôle Sud
 12, 13, 14 avril : Paris – Théâtre de la Ville au 104
20 avril : Le Mans – Les Quinconces
15 mai : Chalon-sur-Saône – Espace des arts
18 mai : Niort – Le Moulin du Roc
8 juin : Porto (Portugal) – Teatro municipal do Porto
19 juin : Narbonne – Le Théâtre

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