"Ronald CURCHOD, Affichiste", Centre de l'affiche, Toulouse

Ronald CURCHOD,

 Affichiste

Centre de l’affiche, Toulouse, du 22 avril au 29 août 2014

« Du Capitole on distingue par temps clair le mont Cernin, les Galapagos et la cordillère des Flandres.

Ma Coulemelle panoramique a poussé sur ce toit, au fond du jardin, d’une spore anonyme déposée sur le palier. Chaque matin, je monte l’escalier en colimaçon taillé à la serpe. Les jours de souci ou d’impatience d’un coup de catapulte je grimpe sur la canopée. Je suis l’arpenteur, l’orfèvre, l’émerveillé. De cabane en friche, de brousse en vaguelette, tout me fait promontoire, escarpolette, reposoir. On a pu dire : « Il est rentré dans le décor, il n’en sortira plus. Il bat la campagne, il fendra les flots, attendons qu’il reprenne ses esprits», et ils attendirent en vain.

C’est chez moi ce non-lieu votre Honneur, je m’y sens bien malgré les courants d’air, les typhons et les insomnies. Vue imprenable sur la vallée des orseilles où je plante mes inquiétudes. La belle forêt après trente ans d’efforts ! L’aulne gueule-de-fou, le charme calorifère, le hêtre problématique, le pissenlit-baobab, l’alisier des lisières et le bouleau nourricier prolifèrent et s’entremêlent. (…)[1]»

Animalités - sérigraphie, la maison des arts georges Pompidou de Cajarc, 2005

Le suisse Ronald Curchod, installé à Toulouse depuis près de 35 ans maintenant est graphiste de formation. Il s’installe en France, en tant qu’illustrateur indépendant auprès de la publicité et de l’industrie, puis peu à peu s’engage dans le travail en tant qu’affichiste pour les milieux culturels.

Cet été, la ville de Toulouse décide d’exposer diverses facettes de son travail, de renommée internationale, avec pour point central, le Centre de l’Affiche situé au cœur de la rive gauche de la cité[2], qui accueille une série « d’œuvres-maquettes » (gouaches, photographies), conçues ces 20 dernières années, pour la réalisation de ses affiches.

Son travail frappe par la confrontation de contrastes :  tant dans les couleurs, où l’auteur se révèle être un véritable peintre coloriste, avec l’alternance de couleurs acidulées (vert pomme, rouge carmin…) ou douces (bleu pâle…), que dans le travail sur la matière qui s’enrichit de différentes techniques sans hiérarchie (gouache, tempera, dessin, photographie argentique).

 

Cette création au fort tempérament poétique fait apparaître une kyrielle de créatures animales, pouvant provenir de romans de Lewis Caroll. En effet, tour à tour lièvres, chats, oiseaux, chiens, zèbres mutants, renard…se mêlent à la danse picturale.

Empreint de l’univers surréaliste de Magritte, on aperçoit des végétaux ou animaux segmentés, aux corps découpés, morcellés, en quête d’identité…, mais aussi des corps hybrides, qui prêtent à des interrogations sur le plan sémantique tel un lapin-kangouroux qui pond un œuf…

Ronald Curchod en tant que créateur, développeur d’images a donc imposé son style au sein de l’horizon culturel toulousain en collaborant avec diverses institutions (le Théâtre Garonne, le Festival de rue de Ramonville Saint-Agne, la Fondation d’entreprise espace écureuil/ Caisse d’épargne de Midi-Pyrénées, la Médiathèque…), mais aussi à l’international (Centre culturel français de Djakarta/ Indonésie, Institut français d’Istanbul/ Turquie…).

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[1] Texte « Chasseur-cueillir » par Pierre Di Sciullo, p. 13, in Ronald Curchod, Affichiste, Michel Lagarde, Toulouse, avril 2014

[2] Autres lieux d’expositions : Picto, Espace Job, Le Ring, Collectif IPN